Mardi 10 mai 2022 – Conférence sur Antonín Dvoràk avec Isabelle Werck, enseignante de l’histoire de la musique

Compte-rendu

Nous assistons ce soir à une conférence « à l’ancienne », c’est-à-dire sans support visuel. Un défi qu’Isabelle Werks, historienne et musicologue patentée, relèvera aisément. Ses propos passionnés et éclairés prendront la forme d’un cours magistral et se limiteront aux trois dernières symphonies d’Anton Dvorak (1841-1904), œuvres majeures et de pleine maturité. Posés sur fond d’écoute les commentaires sollicitent sans relâche nos oreilles, alimentent largement nos imaginations : nous entrons dans l’univers du compositeur emportés, in fine, bien au-delà des notes, à la suite de Dvorak depuis le centre de l’Europe jusqu’en Amérique.

Homme équilibré, intègre, homme de consensus face au régime oppressant austro-hongrois, Dvorak restera toute sa vie attaché à sa Bohême natale. Issu d’un milieu modeste, ses débuts sont difficiles. Après une formation de musicien à l’école d’Orgue de Prague , il occupe un poste d’altiste au sein de l’orchestre Cecilian- Verein de Prague, s’y imprègne de tous les courants dominants de son temps. Dès l’âge de 18 ans il accomplit ses tout premiers pas de compositeur et à 26 ans dévoile la première de ses neuf symphonies. Ses talents de mélodiste se révèleront inépuisables. En 1873 la rencontre avec Brahms est déterminante. Brahms devient son ami, son conseiller, son protecteur : la renommée de Dvorak ne cessera alors de s’étendre.

Dvorak se rendra de très nombreuses fois en Angleterre.  Nommé membre d’honneur de la Royal Philharmonic Society, il promet une symphonie. Il tient promesse et la création de sa septième symphonie a lieu sous sa direction à Londres le 22 avril 1885. Le succès est total, c’est un triomphe ! La musique de Dvorak prend une dimension universelle.

Même ovation à Prague le 2 février 1890 pour la création sa huitième symphonie, il est au pupitre. C’est une œuvre pleine d’optimisme aux couleurs de Bohême, c’est un émerveillement face à la nature, le tutti final est une authentique explosion de joie. Il usera toujours avec autant de goût et d’habileté des timbres instrumentaux et des rythmiques typiques des chants et danses populaires, folklore de son pays natal.

Il a 50 ans et sa réputation passe Outre-Atlantique. On lui propose de prendre la direction du conservatoire de musique de New-York, de 1892 à 1895, trois années d’enseignement et de compositions dont l’ultime et mythique 9ème symphonie celle dite « du Nouveau Monde » créée au Carnegie Hall fin 1893.   C’est un récit passionnant d’une touche exotique indéniable, d’un romantisme aussi très personnel :  la description de paysages, d’espaces infinis dominée par l’émotion, celle qu’il n’aurait peut -être pas ressenti s’il n’avait pas été éloigné de son pays natal …. 

 Merci à notre conférencière pour son admiration communicative vouée à cet enfant de Bohème qui s’est imposé sur la scène mondiale comme chantre de la musique tchèque. 

Écouter, analyser, ressentir, auront été les exercices proposés : en début de conférence Isabelle Werks n’avait-elle pas conseillé « une cure de Dvorak pour retrouver pêche et équilibre » ? ….. A bon entendeur !

 

Françoise Mangez

La conférencière

Aucun

Isabelle Werck, enseignante de l’histoire de la musique.