Compte-rendu
Introduction au voyage : » De la Terre au Paradis » (Opéra en 3 actes avec une introduction, un entracte et un final)
Dans la lignée d’un précédent voyage de la Société Philharmonique à Nancy, en 2018, la Philharmonique a souhaité faire encore cette année, une tournée des « grands ducs » ! Cette fois ci, chez nos proches voisins et amis, les …Ducs de Savoie ! Une nouvelle escapade musicale, après être passés par la Lorraine, comme dit la chanson, avec nos gros sabots dondaine, nous voici, via Chambéry, le Tunnel du Fréjus et le val de Suse, chez nos cousins italiens.
Notre équipée, par car Berthellet et sous la houlette de notre chauffeur Icham, fut prompte menée, à quelques lieux de Lugdunum, dans une ville nommée Torino et toute aussi romaine, par la volonté de César et Auguste (au 1er siècle AC). Nous y entrâmes d‘ailleurs par une porte palatine et nous y découvrîmes une accorte auberge pour y abreuver nos chevaux, nous y reposer et y soulager nos émonctoires, dans de magnifiques et royales latrines.
J’abandonne le passé simple pour retrouver le présent afin de vous relater cette escapade turinoise. Une escapade comme je vous l’ai dit ducale et même royale ! Une escapade « spirituelle », j’allais dire divine, qui va nous conduire de la « Terre au Paradis ” ! Une escapade musicale et gastronomique aussi… Une escapade en forme de drame en trois actes. En somme, une courte tranche de vie pour oublier et méditer, entre amis, les soucis du moment.
Premier acte
A peine débarqués, après une petite restauration dans la galerie San Federico avec du « VITELLO TONATO »nous sommes conduits, deux heures durant, par un charmant guide pour un petit tour de la vieille ville, lequel, de notre hôtel, situé vers la porte palatine, vestige de la période romaine de la ville, nous emmène de places en places (Plazza Castello, San Carlo..) de galeries en galeries, de palais en palais (Palazzo Reale, Palazzo Madama ), d’églises en églises (Chiasa di San Lorenzo), de statues ducales en statues royales et pour les gourmands, vers les fameux « Cafés historiques” avec leur chocolat!
Nous terminons la journée en beauté, autour d’un festin, dans un restaurant réputé de la ville : « Tre Galline », vers la grande place du marché, où nous dégustons quelques spécialités piémontaises dont les raviolis del plin déjà arrosés en apéritif d’un magnifique Chardonnay pétillant puis un Nebbiolo d’Alba.. Ce jour-là nous inaugurons le système des « petits papiers » pour le placement à table. Un succès ! Fatigués et repus, nous rejoignons à pied notre hôtel tout proche, nos chambres spacieuses et nos lits confortables. Nous avons simplement oublié à la sortie madame Pénes et madame Sabatier !
Deuxième acte
Le lendemain, Renée Garrien est la première, à 7 heures moins cinq, au buffet du petit déjeuner. Un buffet copieux et varié dans une belle salle lumineuse. La « Troupe des Philharmonistes » ** n’a cependant eu aucun mal à se rassembler pour un embarquement en car à 9 heures en direction d’un des palais royaux formant la couronne des délices (Corona di delizie). Notre choix s’est porté sur le palais de Stupinigi (Palazzina di Caccia di Stupinigi ). A une dizaine de kilomètres environ de Turin, cet ancien pavillon de chasse, chef d’œuvre de JUVARRA, a belle allure et contient des merveilles picturales.
Beau moment artistique sous la lumière d’un brillant soleil que nous avons conclu vers 13 heures au café Barrati &Milano piazza Castello. A proximité de la Galleria subalpina, c’est café art nouveau fréquenté autrefois par l’Intelligentsia. Bon moment gastronomique aussi, arrosé cette fois, par du Dolcetto d’Alba, délicieux vin rouge. Jusque-là des dieux cléments veillaient sur nous, mais tout à coup, Jupiter déclenche alors sur nous les foudres du ciel et déverse à torrent, la pluie, le vent et de gros grêlons. Un couple (Michel et Mario Teissier) est alors atteint en plein cœur (de la ville !) et ne peut pas nous rejoindre au musée du Risorgimento (à ne pas confondre avec le musée du Risotto !).
C’est là que nous découvrons un fameux palais, le palazzo Carignanno, magnifique construction de Guarino Guarini, fin du XVIIIème siècle, qui abrite le musée du Risorgimento. Musée très riche en illustrations. Lessivés par tant d’eau
et surtout par un flot de paroles qui ont inondées nos mémoires sur l’histoire de l’Union de l’Italie.
(Fin du deuxième acte.) Rideau !
Entracte
Pour la soirée qui pour une fois ne sera pas gastronomique, mais lyrique, il nous faut un lever de rideau. Nous avons rendez-vous pour 20 heures. C’est au Teatro Regio, un des théâtres lyriques les plus importants d’Italie, après Naples et Milan. Nous admirons la belle grille du sculpteur,
Umberto Mastroianni, oncle de l’acteur STAR…Marcello ! En réalité le théâtre qui est de 1740 a été détruit (Incendie, bombardements ?) et reconstruit en 1973. C’est donc un théâtre « à l’italienne » version moderne ! Nous allons écouter l’œuvre célèbre de Mascagni, un « Vériste pur jus ». Cavaliera Rusticana ».
Très belle soirée qui a su allier le chant vériste, malgré un ténor qui manquait peut-être un peu de vaillance, mais tout à fait « buvable » comme les vins italiens et le modernisme d’un ballet en première partie, somptueux par ses couleurs, sa gestuelle. Bref… un succès. Au retour à l’hôtel, nous avons découverts qu’à Turin, les cafés fermaient tôt et au-delà de 10 heures, comme souvent à Lyon, pas de salut pour la cuisine ! Monsieur Menu en a fait la cuisante expérience !Sonnerie (dring dring), fin de l’entracte. (tout le monde au lit !)
Troisième acte
C’est l’acte qui en principe dans tout drame, est l’acte déchirant, l’acte de la séparation. Ce jour, pourtant, le temps est de nouveau clément. Avec armes et bagages et de nouveau un bon petit déjeuner, avec pour certains des œufs, du bacon et plein de pâtisseries, pour d’autres quelques menus fruits, ô rien qui soit lourd ! Nous embarquons donc tous, le ventre plus ou moins plein, en direction de la Sacra di San Michèle, une abbaye bénédictine du Xème siècle, juchée à 1000 mètres, sur un promontoire qui domine le Val de Suse.
Cette visite « époustouflante » qui en a frappé plus d’un (cette abbaye a inspiré le film « Au nom de la Rose ») a permis à Mireille Rigal-Kraus dans un effort sublime de se transporter au ciel. C’est ainsi que, et grâce à une guide très inspirée (Tatiana ), à travers des symboles, une ambiance « grégorienne » et un panorama radieux sur toutes les Alpes, nous avons été transportés de la « Terre et ses vanités, jalousies, disputes et pouvoirs.. transports donc au Paradis » (titre choisi pour ce modeste récit).
Final et tomber de rideau (applaudissements de rigueur)
Je reviens au passé simple car il nous fallut ce samedi 22 juin retomber sur terre. C’est très agréablement que nous retrouvâmes au retour, au bord du lac d’Avitgliana, au pied de l’Abbaye ces fameux plaisirs terrestres, plaisirs des sens, dans une auberge qui nous fit revivre un film que vous avez peut-être vu : « La grande Bouffe » de Marco Ferreri !
C’est ainsi que s’acheva notre périple, à 20 heures ce samedi 20 juin, en pleine chaleur, à Lyon cours Franklin. Repus, quasiment ivres, nous descendîmes du car et nous nous quittâmes sur un accord en quarte de mi bémol dièse, en nous promettant de nous revoir bientôt pour de nouvelles aventures. Et là je parle au .. futur !