Hôtel Charlemagne –
Le mardi 18 juin 2024 –
C’est devant un public conquis, après une première conférence sur l’histoire du Flamenco, que Philippe Soler nous a invités à un voyage à la découverte du Tango.
Pour Philippe Soler, « Le Tango-danse, le Tango-musique, chanson, poésie… chaque tango possède sa propre histoire entre la danse, la musique populaire, la musique savante, la chanson, la littérature. Le tango est un nomade qui va voyager et, par là, même se métisser. Il prendra naissance dans les faubourgs populaires de Buenos Aires, les faubourgs malfamés. On passe du tango instrumental, le tango de la vieille garde, au tango chanté avec l’immense Carlos Gardel, premier gardien du temple. Ce tango qui deviendra chanson et qui par là même ouvrira la voie à la poésie. La voix de Gardel était magnifique, une voix de ténor couvrant deux octaves, avec des sons filés assez exceptionnels. Mais on a fait également la connaissance d’autres voix dont celle de Roberto Goyeneche, à la prononciation parfaite, avec une grande liberté rythmique, un parler quasi chanté. Il a été également question de vulgarisation du tango durant les années 1950, celui-ci perdant quelque peu ses lettres de noblesse. Il faudra attendre les années 1980, fin de la dictature argentine, pour que le tango renaisse de ses cendres. Et arrive alors la figure de Piazzolla, lequel aura le souci de réinventer le langage du tango en le mesurant à la musique classique. Piazzolla, un diable qui va toucher un sujet tabou. Des incursions ont également été faites dans la musique populaire argentine. On a parcouru les montagnes de cette Cordillère des Andes où le folklore traditionnel est présent et porté par les Mapuche. Les figures de Atahualpa Yupanqui et Mercedes Sosa ont été mises à l’honneur portant la poésie du quotidien, la mémoire des paysans. Il aura été également question de poésie avec Borges, indissociable de l’univers du tango, indissociable de l’univers des ‟compadritos”, des faubourgs, des duels au couteau, avec des mains qui seront autant capables de caresser les cordes d’une guitare que de tuer. La musique classique n’aura pas été laissée de côté puisque la figure de Ginastera aura été citée avec la pianiste Martha Argerich. Un voyage fait comprendre que le tango est multiple, qu’il se conjugue de différentes manières pour former un tout. »
De riches illustrations, sonores et picturales accompagnent chacun des propos de notre conférencier, Philippe Soler : des extraits du film TANGO de Carlos Saura, la voix de Carlos Gardel (né à Toulouse !) celle de Mercedes Sosa ou bien encore les fabuleux jeux de jambes des danseurs, leurs synchronisations significatives d’un tango-séduction et symboles de l’homme-dominateur, de la femme qui se refuse ou qui se donne. Philippe Soler nous l’avait signifié en tout début de conférence, indubitablement le tango est « une musique que l’on écoute avec ses pieds, avec son cœur ».
Par cette démonstration orale et musicale très rythmée et passionnée, ovationnée par le public, s’achève la saison 2023-2024 des conférences de la Société Philharmonique de Lyon : Musique, partage et convivialité auront été sans aucun doute les mots-clés de chacune de ces rencontres.
Françoise Mangez
Ps : Retrouvez le Tango et les émissions de Philippe Soler sur la chaine Youtube.
Philippe Soler RCF. Voyage à travers le Tango 1/2
Philippe Soler RCF. Voyage à travers le Tango 2/2
Le conférencier

Philippe Soler, professeur de piano
Suivront successivement, Ludwika Waleska (Conservatoire de Varsovie), Pierre Sancan, Françoise Thinat, avec laquelle il participe aux premières sessions de ‘Piano chez Déodat de Séverac’ à Saint Félix de Lauraguais, Aquiles Delle Vigne (Conservatoire de Bruxelles, disciple de Claudio Arrau )et Joaquin Achucarro, concertiste espagnol, avec lequel il se perfectionne durant de nombreuses années, retrouvant ainsi, avec ce dernier, le prolongement et l’aboutissement de son premier enseignement. Il rencontre également Thérèse Dussaut et bénéficie de ses conseils pour la musique française.
Diplômé de l’Ecole Normale de Musique de Paris, il passe également par les classes de maîtrise de l’Union Musicale Internationale de Paris, sous la direction d’Eliane Richepin. Il obtient des récompenses aux Concours Internationaux de Barcelone (1981) et de Finale Ligure (1983) et commence à se produire successivement en France, Espagne, Italie et Belgique.
Parallèlement, il se consacrera à la pédagogie, tout d’abord au CRR de Toulouse, et actuellement au CRR de Lyon, en tant que professeur titulaire. Il est également intervenant aux Cefedem de Lyon et de Bourgogne, ainsi qu’au CNSMD de Lyon, pour les formations diplômantes du D.E et du C.A.
Discophile passionné, collectionneur, son ouverture d’esprit, sa culture musicale, sa connaissance des enregistrements historiques, ont fait que depuis quelques années, il se plaît à donner des conférences sur l’histoire et l’évolution de l’interprétation pianistique : « Chopin à travers le disque » en 2010 à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Chopin et « Autour du piano français » en 2012 à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Claude Debussy.
Inscription
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