Mardi 19 octobre 2021 – Musique classique et variété

Compte-rendu

Influence de la Musique Classique dans la Musique de Variété, …

            La retransmission d’un court extrait de l’émission Apostrophe du 26 décembre 1986 engage le sujet de ce soir :

C’est une vive altercation entre deux protagonistes de la musique de variété.  La chanson n’est qu’une petite chose dit Serge Gainsbourg   …J’aime la grande musique… moi je fais de la petite musique de la musiquette, un art mineur….  Donc, j’emprunte … La position de Guy Béart est tout autre :  la chanson est art majeur… il cite Paul Verlaine « le verbe est musique avant toute chose » !

                                                                                                                                             L’origine de la chanson se confond avec les origines de la musique et se définit comme une œuvre musicale composée d’un texte et d’une mélodie souvent divisée en couplets et refrain. D’essence populaire elle saura se révéler d’un extrême raffinement. A la Renaissance la chanson franchit les portes des églises. Sacrés et profanes, savants et populaires, les genres désormais interfèrent. Aria baroque, lied romantique allemand, mélodie française postromantique, la chanson continue son chemin et reste fidèle à sa mission : traduire émotions et sentiments du cœur humain.

            Dans les années 1960 le marché du disque est en plein essor, la chanson de variété confirme sa suprématie sur les ondes, c’est une musique de divertissement, prétexte au jeu de rimes, au jeu de rythmes, prétexte aux idées, jeu de composantes sonores : on pose des mots sur la musique. Nombreux sont les auteurs -interprètes qui puisent alors dans le répertoire classique pour soutenir leurs textes.

            Ce soir, les noms d’artistes resurgissent. Les extraits, écoutés ou cités défilent :

le second mouvement  de la cinquième  symphonie  de Beethoven pour La Pince à Linge ou l’ étude de Chopin opus 10  n°3 (Tristesse) pour le Chant d’Allégresse empruntés par les Quatre Barbus à l’  humour et au  sens de la dérision  bien célèbres ,cette même partition Chopin qu’utilisera Serge Gainsbourg pour y déposer les mots équivoques de sa chanson Lemon Incest .
 En 1970, sur fond sonore du second mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven Johnny Halliday déclame le splendide Poème sur la 7 ème de Philippe Labro, texte visionnaire qui dit toute l’angoisse d’un être humain dans un monde post-apocalyptique. A l’aube du XXI ème siècle Nana Mouskouri   choisit l’Hymne à la joie pour lancer Le Vent de l’espoir et la  sonate n°27  pour exprimer  sa profonde mélancolie au Clair de Lune . Anne Sylvestre, sur un ton moqueur, s’appropriera quant à elle la lettre à Elise.


 
Les exemples s’allongent à l’infini :
   Etonnant Claude Nougaro qu’un menuet de Haydn inspire pour sa chanson Le jazz et la Java, Mouloudji charge Aranjuez de ses confidences dans l’Adagio du Pont de Calaincourt, et Georges Guétary confie à Brahms la Valse des Regrets … et Bach, Mozart, Schubert, Liszt, Wagner, ou Dvorak auront tous inspiré Dave et participé à son succès. Surprenant parfois mais non sans intérêt, cet art du dire, voire du tout dire perdurera-t-il ? Le dernier extrait fera office de conclusion, c’est une chanson très actuelle, aux paroles libérées, un message du genre politico-sociétal qui déconcertera bon nombre d’entre nous.

            Les modèles de musique savante continueront-ils à séduire ? Quand la musique est bonne …quand la musique est bo..o..nne  ! … s’époumonait Jean Jacques Goldman, nous étions en 1982 ! Autre époque, autres codes : nul doute que la chanson de variété poursuivra son chemin.

Hôtel Charlemagne -23 cours Charlemagne, 69002 Lyon

Le mardi 19 octobre à 18h30

Chanson et musique classique, mariage parfois détonnant mais plus vieux qu’il n’en a l’air : à la Renaissance, les compositeurs avaient tôt fait de glisser un thème connu dans la polyphonie de leur messe, L’Homme armé ou Malheur me bat se mêlant ainsi à Kyrie et autre credo. De même dans le motet, teneurs grégoriennes et chansons mêlées impliquaient une polytextualité où le latin sacré se frottait aux langues vernaculaires. Si le Concile de Trente a mis un peu d’ordre dans les emprunts plus ou moins osés, la musique savante n’en a pas pour autant cessé de puiser aux sources populaires, régionales ou nationales, non sans humour parfois. Mais la chanson elle-même, en retour, n’a pas hésité à emprunter au plus noble répertoire. Parmi les cas les plus célèbres, les mélodies de Serge Gainsbourg, parfois provocatrices, piochant chez Beethoven, Chopin ou Dvorak. « J’aime la grande musique », disait le chanteur. Avant d’ajouter : « Moi je fais de la petite musique. De la musiquette. Un art mineur. Donc, j’emprunte. » Que dire alors de l’illustre Canon de Pachelbel, servi à toutes les sauces, même aux plus sucrées du disco. Travail de mémoire que celui de Memories ? Est-ce que cela a seulement sens ? N’est-ce là que plaisir de la reconnaissance ? Laissons-nous charmer par quelques reprises avec classe du classique.

Le conférencier

Aucun

François-Gildas Tual