Auditorium Maurice Ravel –
Le mardi 13 décembre à 18h30 –
Ronald Vermeulen, néerlandais, musicologue, riche de 15 années d’expérience au sein des plus grands orchestres internationaux aux Pays-Bas occupe depuis 2018 le poste de délégué artistique de l’Orchestre National de Lyon. Il nous accueille « chez lui » ce soir pour nous parler de la toute prochaine programmation de l’Auditorium. Les 16 et 17 décembre 2022, deux concerts consécutifs offriront aux lyonnais l’opportunité d’entendre l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach dans son intégralité. L’événement est exceptionnel à plusieurs titres : le répertoire baroque ne résonne pas souvent dans l’enceinte de l’Auditorium et l’Oratorio de Noël, véritable « monument » de 268 pages de près de 3 heures de musique n’est en général proposé que sous une forme raccourcie. A ces intérêts s’ajoute une distribution d’exception : maestro et solistes invités comptent aujourd’hui parmi les plus brillants acteurs internationaux de ce répertoire.
L’Oratorio est un genre musical narratif, une œuvre sacrée lyrique fondée sur un livret lui-même inspiré des textes bibliques mais sans mise en scène. L’Oratorio de Noël BWV 248 raconte une histoire que nous connaissons tous, puisée dans les Évangiles selon Saint Luc et Saint Matthieu. C’est une impressionnante œuvre architecturale bâtie sur six cantates correspondant aux six offices s’échelonnant du jour de Noël 1734 à l’Épiphanie 1735. Chacune des cantates possède sa propre organisation : les récitatifs confiés aux évangélistes pour le narratif, l’alternance de chœurs, d’arias, de duos pour convaincre ou faire passer des messages et les chorals, genre spécifiquement luthérien qui appelle tout le peuple à participer.
Bach, cantor de Leipzig, se devait de fournir une cantate par dimanche, de participer à la musicale de la ville, on rappellera sa vitalité au sein du café Zimmerman. Il avait également en charge l’animation musicale de la Cour du Duc de Saxe. Au cours des années 1733-34, visites, mariages ou anniversaires célébrés à la Cour lui fournirent l’occasion de composer trois cantates : des musiques élégantes, tendres, joyeuses à caractère mythique ou allégorique, des musiques de circonstances. Trois cents, c’est le nombre supposé des cantates composées par Bach, profanes et sacrées, mais près d’un tiers a disparu.
Un premier travail d’élaboration consistait pour JS Bach, aidé de son librettiste Picander, à adapter les textes bibliques aux cantates profanes ou sacrées existantes. Ainsi retrouvera-t-on dans la deuxième cantate de « l’arrivée des Bergers », l’air suave du duo d’Hercule, extrait de la cantate d’Hercule BMW213 composée pour l’anniversaire du jeune prince électeur, parodié en une douce et délicieuse berceuse. Également, et cela peut paraître curieux, l’insertion par deux fois d’un des chorals de la Passion selon Saint Matthieu , de la naissance à la Croix… un chemin de Rédemption. Souvent la musique de Bach transcende les textes, un point qui ne sera pas évoqué ce soir…
Une musique qui exprime, une musique qui illustre, la symbolique est au centre du travail d’exécution de Jean Sébastien Bach. Symbolique du geste mélodique, du geste rythmique, et symbolisme dans le choix des tonalités, pour exemple : le Ré Majeur pour les scènes majestueuses ou joyeuses, le Si mineur pour les ambiances plus mélancoliques ou le Sol Majeur pour les scènes pastorales. Tout aussi significatif et expressif seront les choix des instruments faits par le compositeur : dès les premières mesures, Bach plante un décor de fête, appel des timbales, entrée des trompettes, bientôt ne tarderont pas à se mêler flûtes, hautbois et cordes . Quelques mots sur l’écriture, la basse chiffrée et la basse-continue clôtureront la conférence. … Chez JS Bach tout se raconte, tout s’éclaire, tout se symbolise, et tout devient d’une évidence bouleversante.
Maîtriser la terminologie musicale, repérer un processus de composition ou d’écriture, découvrir une théorie font partie des plaisirs de l’écoute. Certains regretteront les trop courts instants consacrés aux illustrations visuelles et sonores : une conférence est toujours limitée par le temps ! La matière était belle, la partition joyeuse et colorée, la présentation circonstanciée. Le public ne manqua pas de témoigner son enthousiasme et Ronald Vermeulen fut chaleureusement remercié par de longs et vifs applaudissements.
Françoise Mangez
Le conférencier

Ronald Vermeulen est Délégué Artistique de l’Auditorium – Orchestre national de Lyon depuis mai 2018. Antérieurement il a exercé cette fonction pour quatre des plus grands orchestres des Pays-Bas, son pays d’origine, le Rotterdam Philharmonic Orchestra, le Netherlands Philharmonic Orchestra, le Netherlands Chamber Orchestra à Amsterdam et le Residentie Orchestra à La Haye.